Tout le monde ne peut pas écrire

Publié le 6 octobre 2025 à 17:42

Cette rengaine, vous l'avez certainement déjà entendue. Les accompagnateurs d'auteurs et d'autrices le répètent comme une vérité absolue.

Je n'en suis pourtant nullement convaincue. 

J'écris depuis l'âge de 13 ans. Mon écriture a évolué avec le temps mais elle est chevillée à ma personnalité et à mon chemin de vie. J'ai écrit parfois sans interruption pendant des mois... et parfois pas du tout. J'ai perdu des disquettes (oui, je suis vieille), j'ai supprimé des romans entiers car les émotions qu'ils véhiculaient ne me correspondaient plus et j'ai des dizaines d'idées de romans qui dorment dans mon ordinateur. Mais écrire, c'est ma façon de vivre. 

On ne peut pas comparer ma relation à l'écriture avec celle d'une personne qui se réveille un matin et qui se dit : "Tiens, si j'écrivais sur Nemo, mon poisson rouge qui est mort quand j'avais 5 ans et qui m'a brisé le cœur pendant 30 minutes." NON!

Je suis navrée et consternée de savoir que des auteurs véhiculent cette idée qu'"il y a de la place pour tout le monde". 

Mince ! Est-ce que cela vous viendrait à l'esprit, à 40 ans passés, de vous dire : Et si je devenais le futur Usain Bolt ? Et si je rentrais à l'université pour approfondir la théorie de la relativité d'Einstein ? Alors pourquoi devenir auteur semble si "faisable" ?

Alors oui, écrire, ça s'apprend. Cependant, toutes les idées ne sont pas bonnes à développer, tous les styles ne sont pas de nouveaux styles juste parce que l'auteur a les bonnes connaissances et le bon timing. 

Entendons-nous bien ! Vous êtes libre d'écrire votre histoire, de la corriger, la mettre en forme, l'imprimer sous forme de roman et de la faire circuler dans le cercle de votre famille et/ou de vos connaissances. Cela ne veut pas forcément dire que vous êtes le prochain Honoré de Balzac. 

Après des mois de silence et beaucoup d'hésitations, je me suis décidée à écrire cet article.

Peut-être vais-je me faire incendier par mes collègues, peut-être va-t-on tenter de retourner l'argument contre moi (et j'en suis parfaitement consciente) mais dans ce cas, posons-nous les bonnes questions : Pourquoi en est-on arrivé à une telle "inflation" de la littérature ? 

Allez, en chœur accusons : l'auto-édition ! Mais non ! Pas d'accord ! L'auto-édition est née dans un esprit de simplification et d'accessibilité à la publication pour les auteurs. J'ai bien dit pour les auteurs. C'est-à-dire ces personnes qui vivent, écrivent et ressentent essentiellement à travers l'écriture. L'auto-édition n'est pas destinée au premier venu qui veut écrire son histoire, qui se sent "écrivain" depuis 45 minutes et qui pense que son histoire unique d'un homme trentenaire, directeur commercial dans le marketing digital à Paris devenant fermier en Corrèze, peu après la crise du Covid, est vraiment un chemin de vie exceptionnel. Personne d'autre avant lui, n'a vécu un parcours similaire (lol). 

Je sais bien que mon blog et même l'intégralité de mon site ne sont pas consultés par des milliers de lecteurs. Ainsi, je ne prends pas un très gros risque en allant contre l'avis général. Néanmoins, je pense sincèrement que tout le monde n'est pas capable d'écrire. Écrire est une vocation, un besoin vital et ce n'est pas un vulgaire métier que l'on apprend à travers deux formations et quelques webinaires. Ce n'est pas pour rien qu'il n'existe pas officiellement un diplôme universitaire ou un BTS "Auteur". 

Durant cette année que j'ai passé à me rendre dans les événements littéraires de ma région, j'ai vu des personnes qui écrivaient sur des sujets éculés, qui pondaient des récits insipides, plats mais à la mode. Ces personnes avaient du succès et vendaient leurs bouquins, largement "travaillés" par l'IA ou par un réseau important, à tour de bras. Alors que les auteurs, qui ont quelque chose à dire, qui ont une plume intégrée à leur cœur..., eux, stagnaient dans un monde où la forme est plus importante que le fond, où connaître les bonnes personnes est plus récompensé que savoir construire une histoire, où relater des faits mille fois relatés en employant les mots à la mode est plus vendeur que d'imaginer un récit original, profond et plein de sens.

Alors pour moi, "Tout le monde peut écrire" est une affirmation fausse qui a complètement contribué à galvauder le métier d'auteur et qui a fait perdre tout son sens à l'édition. 

 

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